Mali : 543 civils tués entre le 1 janvier au 31 mars 2022 (Minusma)

Mali : 543 civils tués entre le 1 janvier au 31 mars 2022 (Minusma)

Bamako, le 31 mai 2022 – ATTARAM – 543 civils ont été tués, 107 enlevés ou disparus, 107 blessés et 55 illégalement détenus au Mali du 1 janvier au 31 mars 2022 a annoncé la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (Minusma) dans un rapport publié lundi. Selon la mission onusienne ''ces données représentent une augmentation de 151 pour cent comparativement au trimestre précédent (323 civils affectés, dont 128 tués, 80 enlevés/disparus et 115 blessés)''


« Au total, 812 civils (543 tués, 107 enlevés/disparus, 107 blessés et 55 illégalement détenus) ont été directement affectés par les actes de violence. Ces données représentent une augmentation de 151 pour cent comparativement au trimestre précédent (323 civils affectés, dont 128 tués, 80 enlevés/disparus et 115 blessés). La catégorie des personnes tuées est celle qui a enregistré la plus forte augmentation (324 pour cent) » a déclaré la même source.


Elle ajoute que « la grande majorité des victimes sont des hommes (484) suivis de femmes (35) et d’enfants (24). Du point de vue géographique, la majorité des actes de violence contre les civils est intervenue dans les régions du centreLe centre du Mali continue de faire face à une crise multidimensionnelle qui met en péril la jouissance des droits et libertés des populations civiles  »


La Minusma souligne que ''les groupes extrémistes violents, les milices et groupes d’autodéfense communautaires, dont certains autoproclamés, continuent de se disputer le contrôle des localités de la région, les Forces armées maliennes (FAMa) ont intensifié les opérations militaires offensives dans certaines parties de la région. Toutefois, malgré une amélioration relative dans certaines zones, l'insécurité persiste dans la région avec de graves conséquences sur la population civile''.


''De nombreux incidents sécuritaires y ont ainsi été documentés, notamment dans les cercles de Bankass, Djenné,  Koro et Niono. Au cours de la période en revue, au moins 234 civils ont été tués, 63 enlevés/disparus et 82 blessés dans cette partie du territoire'' note le document.


Le rapport explique que ''la situation sécuritaire dans les régions de Gao et de Ménaka s'est considérablement détériorée en raison d’affrontements armés entre les éléments du Mouvement pour le salut de l'Azawad-Daoussahak/Groupe d'auto-défense Touareg Imghad et alliés (MSA-D/GATIA) et ceux de l’EIGS et/ou d’attaques contre les populations civiles dans plusieurs cercles d’Anderamboukane (région de Ménaka), notamment dans les localités de Garka, Ingarzabane, Inkalafanan, Inchinnanan, IntaKoreit, Itagoyit, Tamalat, Tilabagnachan, Tinahaket et Tingorof''.


Selon le rapport ''ces affrontements armés et attaques, qui se sont déroulés entre le 8 et 28 mars 2022, auraient, selon les autorités locales, occasionné la mort d’environ 264 civils et le déplacement forcé de plusieurs centaines d’autres des localités touchées susmentionnées vers Ansongo, Gao, Ménaka et Tillaberi (Niger). A ce stade des enquêtes, la MINUSMA a pu identifier 159 personnes tuées''.


Par ailleurs, dit-il ''d’autres attaques simultanées et ciblées menées par des éléments de l’EIGS contre la communauté Dawssahak, dans la zone de Talataye (cercle d’Ansongo, région de Gao) le 21 mars, auraient, selon les autorités locales, entraîné la mort d’au moins 100 personnes ainsi que
des déplacements des localités d’Agarnadamos, Indelimane, Intakoufe, Inziguitiya, Oudeini, Oufousnelou et Takakatane (région de Gao) vers les villes d’Ansongo et de Gao''.


Et d'ajouter que ''ce cycle de violence aurait également conduit à des actes de représailles individuels menés par des membres de la communauté Dawssahak contre ceux de la communauté peule dans les environs de
Ménaka. Ainsi, les 20 et 22 mars, sept hommes membres de la communauté peule auraient été tués et un autre blessé lors d’attaques perpétrées sur la base d'allégations de leur implication supposée dans les attaques de l'EIGS''.


''Au total, dans la région de Gao, au moins 105 civils ont été tués, 13 blessés et 10 enlevés/disparus, tandis que dans celle de Ménaka, la MINUSMA a documenté 159 civils tués, six (6) blessés et six (6) enlevés/disparus '' affirme la mission onusienne.


Elle annonce, en outre, que « la période a aussi été marquée par une série d’incidents dans la zone frontalière entre le Mali et la Mauritanie, y compris le meurtre d’environ 52 civils mauritaniens ».


« Durant cette période, la MINUSMA a recensé 812 cas de violations et atteintes aux droits de l’homme et au droit international humanitaire. Ces données documentées représentent une augmentation de 151% comparativement au trimestre précédent. Le nombre de personnes tuées a connu une hausse exponentielle de près de 324% », explique-t-elle, sans donner le nombre exact des personnes tuées.


La Minusma note que « les Forces armées maliennes (FAMa), appuyées à certaines occasions par des éléments militaires étrangers, ont multiplié les opérations militaires de lutte contre le terrorisme, notamment dans le cadre de l’opération Keletigui dont certaines se sont parfois soldées par des allégations graves de violations des droits de l’homme et/ou du droit international humanitaire ».

Ainsi, dit-elle, « sur la période concernée, 320 violations de droits de l’homme ont été attribuées aux forces de défense et de sécurité maliennes alors qu’au dernier trimestre de l’année 2021 seulement 31 violations leur étaient imputables ».